Quelque part en France - L’encyclopédie interactive des villes et villages de France

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Bondues
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IL ETAIT UNE FOIS... BONDUES




Au commencement, déjà, est la guerre. Pourtant le pays des Ménapiens n'a rien qui pût attirer. César, cependant, pénètre le pays et le conquiert, malgré le sacrifice de ceux qu'il qualifie, dans ses Commentaires, des "plus valeureux entre tous les Gaulois". C'en est fini pour nos ancêtres.
Les Romains entament la colonisation et édifient des cités. Des routes sont construites pour relier entre elles les garnisons de légionnaires. Ainsi la voie Boulogne-Cologne, par Wervicq et Tournai, signalée par la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin. Passe-t-elle par Bondues, du côté de la Croix Blanche actuelle? Et les soldats romains d'Auguste qui sont affectés à sa construction établissent-ils, l'an 2 de notre ère, un campement sur notre territoire, favorisant ainsi la colonisation de cette zone ? Nul ne peut répondre, avec certitude, à cette question, d'autant que des travaux de voirie ont retourné les terres de ce secteur sans jamais révéler trace de cette voie. Toutefois, la découverte, au Mont de Bondues, de vestiges de poteries domestiques et de tessons de tuiles romaines lui confère une origine gallo-romaine pour le moins.
Point haut habité à quelques kilomètres des voies d'invasion que sont les rivières voisines ne souffre-t-il pas des incursions barbares, aux IVe et Ve siècles ? Dès lors, ne peut-on y associer, dans la toponymie locale, le nom du Pot-de-Fer, autrement inexplicable?
Avant leur déferlement sauvage, la région avait été, une première fois, évangélisée : St Piat, St Chrysole et St Eubert avaient opéré de nombreuses conversions. Leur culte est particulièrement suivi à Seclin, Comines et Lille. Une seconde évangélisation est réalisée par les évêques St Eloi, St Médard et autre St Amand ou St Vaast. La dédicace de l'église du village à St Vaast peut constituer une preuve a posteriori de son action missionnaire dans notre secteur. Est-il l'instigateur de ce "monasterium" qu'appelle le nom très ancien du chemin qui menait du Bon Fermier à l'église : le chemin des Moines (la rue du Bosquiel aujourd'hui). Ce monastère devait être un atelier agricole d'où sortaient, après Matines, quelques Bénédictins, bergers, laboureurs ou bûcherons, qui s'en allaient défricher de nouvelles terres.
Et dans cette hypothèse, la date du 30 octobre 867 n'est-elle pas le point de départ de l'histoire de notre commune, quand un diplôme de Charles le Chauve, Roi de France, parle d'un "boneia villa", à côté d'un "lentsales", pour confirmer les biens de l'abbaye de St Vaast d'Arras ?
Aux philologues de nous expliquer par quelle évolution ce "boneia" se transforme en "bonda", "bondues" et à nous en donner le sens. Sa position, à la limite des cantons de Weppes, du Ferrain et du Mélantois, qui semblent venir se rejoindre chez nous, explique naturellement son sens traditionnel de "borne", "démarcation"?..
De nouvelles invasions de Normands, à la fin du neuvième siècle, mettent une fois encore le pays à feu et à sang. Nos paysans, pour se protéger contre les déprédations de ces bandes de pillards, construisent un nouveau fort à l'extrémité du village, qui donnera son nom au hameau du "Fort-de-Bout".
Ces nombreuses invasions, contre lesquelles le pouvoir central semble inefficace, provoquent un affaiblissement de la puissance royale, aussi les grands feudataires s'émancipent-ils de sa tutelle. Comtes et seigneurs s'organisent pour administrer le pays. Le premier millénaire s'achève, puis la peur de l'An Mil s'estompe. Aux ténèbres va succéder la lumière...

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Mais reprenons le grand livre de notre histoire et tournons-en les pages. Comme dans les plus beaux contes de notre enfance, notre récit commence par une légende... Sonnez, trompettes, claquez bannières... Oyez, oyez, belles demoiselles et nobles chevaliers... Nous sommes à Anchin, près de Marchiennes, en l'an 1096. Un tournoi rassemble la fine fleur de la noblesse flamande : 300 seigneurs qui s'affrontent dans des joutes chevaleresques. Griserie? Sentiment de la futilité de ces batailles sans risques, où les seuls coups dangereux sont portés par la quintaine frappée maladroitement ? Ou bien est-ce l'écho lointain des prédications de Pierre l'Ermite ou le nuage de poussière soulevé par l'armée des pauvres gens répondant à son appel ?.. Qu'importe la raison, ils jurent solennellement de prendre la Croix et de s'en aller en Asie pour conquérir le tombeau de Notre-Seigneur. Parmi eux, Jacobus de Bondues, qui chevauchera aux côtés de Godefroy de Bouillon.
Au douzième siècle, l'histoire soudain s'accélère : c'est le temps des grandes mises en place communales. Notre village s'organise sous la houlette bienfaisante des seigneurs de Bondues : Olivier en 1127, Elbodon et Guillaume au milieu du siècle, Jean qui fonde, en 1180, la première chapellenie dans l'église de Saint Pierre de Lille pour y être inhumé, un autre Jacques, qui meurt tragiquement, au printemps 1205, dans le Royaume de Constantinople que la Quatrième Croisade ne dépassera jamais, victime de la cupidité de ses participants devant les richesses byzantines...
Nos maîtres érigent le château seigneurial, d'abord modeste donjon de bois dressé sur une motte de terres de remblai entourée d'un large fossé, ensuite construction de pierre, plus spacieuse, plus fonctionnelle, aussi bien dans sa vocation domestique avec sa basse-cour que dans sa nécessité défensive avec son fossé et son pont-levis.
Nous trouvons la première mention de l'église en 1171. Gauthier, évêque de Tournai, donne pour prébende (ou dotation) à son église-cathédrale l'autel de Bondues. Mais la paroisse devait déjà être importante car Letbert le Blond, chancelier du chapitre, y joint six hottes et cinq quartiers de terres labourables pour fonder une vicairerie qui ne pût être desservie que par un prêtre.
De leur côté, les autorités communales s'installent: mayeur et échevins organisent la collectivité. Les serfs sont affranchis. L'industrie textile du drap et des estamets (célèbres dans toute la contrée pour leur finesse et leur beauté) se développe et un magistrat se charge d'en vérifier la qualité avant plombage et commercialisation. Le blason de notre commune, d'or au franc canton de sable, figure-t-il sur ce premier plomb ?

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Preuve de cette vitalité subite : la place de nos seigneurs dans la suite des Comtes de Flandre, dont ils sont bien souvent les témoins privilégiés dans les actes officiels qu'ils signent. Ils les accompagneront parfois même en captivité lorsque le sort leur sera contraire, ainsi Jean de Bondues en mai 1300 qui est interné à Falaise en Normandie avec la suite du comte Gui de Dampierre. Deux mois auparavant, il avait été son ambassadeur auprès d'Edouard, roi d'Angleterre.
N'est-ce pas sous la conduite d'Alard de Bondues que les Bourgeois et le Chapitre de Lille, dont il est le sous-diacre, se réfugient avec leurs principaux cartulaires et leurs richesses dans notre village, en 1214, pour échapper à la fureur de Philippe Auguste.
Un petit siècle après, en 1315, le Roi de France Louis X, dit le Hutin, s'avance sur Lille dans le but de ruiner toute la Flandre : Robert, son Comte, avait délibérément omis de rendre hommage de son domaine au nouveau Roi de France, son suzerain. Lancé à sa poursuite, ce dernier ne peut franchir la Lys et fait camper ses troupes sur nos terres, sur le glacis qui depuis le "grand chemin de Lille à Menin" descendait vers Mouvaux. Las! des pluies torrentielles et continuelles transforment la terre, grasse de nature, en un bourbier sans nom. Les chemins deviennent impraticables, les chevaux s'enfoncent dans la terre fangeuse jusqu'aux genoux, les vivres n'arrivent plus qu'avec parcimonie. Et pour comble, les Flamands qui connaissent le pays se mettent à harceler les convois. Louis X décide de se sauver promptement et secrètement dans la nuit du 11 au 12 septembre, laissant sur place les objets les plus précieux et une très grande quantité d'armes. C'est cette dérobade sans gloire que les historiens appellent "l'ost boueuse".
Un siècle encore et Robert de Hames et de Bondues, chambellan du Roi, trouve la mort à Azincourt, fosse commune de la noblesse française, le 25 octobre 1415. Quant à Jean de Hames, gouverneur de Lille de 1479 à 1489, une de ses ordonnances défend sous peine de mort de faire des courses (expéditions bagarreuses de ville contre ville) dans toute la châtellenie. Le but est atteint : ribauds, coquins et autres gens sans aveu disparaissent. Le hameau du Coquinage qui abritait l'une de ces bandes retrouve sa quiétude...
Curieuse période que le siècle suivant. Les partisans de la religion nouvelle font des adeptes parmi nos villageois. Un des leurs, Gérard Vrommont, devient même colporteur des écrits interdits, au péril de sa vie. Un prêche de jour, le premier dans la châtellenie, se tient dans notre village le 2 juillet 1565 et rassemble six à sept mille zélateurs, sans doute près des Aubeaux... L'année suivante, le 25 mai 1566, c'est à la cense du Vertbois que les calvinistes se rassemblent, sans que les Bonduois s'y opposent... En 1580, l'église du village et plusieurs maisons de la place, sont mises à feu par la garnison de Menin, "composée d'Ecossais et de Français à la solde des rebelles des Pays-Bas"...
Durant cette période troublée, de très nombreux bonduois prirent le chemin de l'exil pour demeurer fidèles à la religion nouvelle: on retrouve, par centaines, leurs traces aux Pays-Bas, en Angleterre. Oudard de Bournonville, seigneur de Bondues, demeure quant à lui fidèle à la religion catholique et prend la tête de ses défenseurs. Il sera fait comte de Hénin-Liétard pour sa conduite à la tête des "Malcontents" et une médaille de 1579, où il figure avec deux autres compagnons, rappelle leur loyauté envers le Roi d'Espagne.
Est-ce pour l'attitude de leur seigneur que nos drapiers reçoivent, à travers un diplôme de Philippe II, Roi de Castille et Duc de Bourgogne, en date du 10 avril 1593, l'autorisation de marquer leurs draps d'un plomb spécial aux armes de la commune ? Cette activité est suffisamment importante pour justifier la présence, attestée en 1647, d'une halle aux draps dans notre commune. Et le collier de la Toison d'Or que reçoit Alexandre de Bournonville en 1673, s'il récompense les mérites du Vice-roi de Catalogne et de Navarre, rejaillit également sur notre commune, dont il possédait également la seigneurie !
Bondues en joie, Bondues en pleurs: le 17 septembre 1753, 21 maisons de la place du village sont détruites par un incendie d'origine criminelle. Une quête est faite dans les villages des châtellenies de Lille, Douai et Orchies pour secourir les miséreux qui ont tout perdu.
La période révolutionnaire ne provoque pas de grands bouleversements dans la commune. Les notables d'hier retrouvent les mêmes responsabilités dans les nouvelles structures. Pas de chasse aux aristocrates... qui, à la suite d'Henri Joseph Du Bosquiel, ont émigré dans l'armée des Princes. Pas de tête tranchée, non plus.
Seul fait notable de ces temps agités, mais non lié aux évènements politiques, l'église est vendue aux enchères car elle est vieille et dangereuse. En 1806, sous le ministère d'Alexandre Favier, on en construit une nouvelle. Las ! l'état des finances publiques nous oblige à "rogner" sur tout... On le verra plus loin, ce bâtiment durera peu.
Même brièveté pour le premier arbre de la Liberté, plus courte encore que l'existence du second, replanté en 1848 et abattu quatre années plus tard par le boulanger du village pour chauffer son four à pain.
Mais voici déjà qu'arrive le siècle du bon Albert, Monsieur du Bosquiel, seigneur de Bondues et Maire du village de 1824 à sa mort, en 1854, fondateur de la Maison Communale ouverte à ses administrés le 1er mai 1839, de l'Hospice inauguré en 1852, de nombreuses œuvres de bienfaisance ou associatives. De 1824 à 1830, il avait été simultanément maire de Bondues et conseiller municipal à Lille. Désigné par l'autorité de tutelle d'un côté, qui ne pouvait oublier cette famille maîtresse des Terres et Seigneurie de Bondues depuis 1719, date à laquelle elle les avait rachetées aux Bournonville, ruinés par le jeu et quelques revers de fortune ; élu de l'autre, de par sa qualité de propriétaire et de Bourgeois de Lille.
A la fin du siècle dernier, grâce aux efforts inlassables de son curé Fénelon Feuillet, Bondues reconstruit une nouvelle église paroissiale et, comme pour mieux la distinguer des précédentes, on lui fait exécuter un quart de tour. Son porche donne sur la place du village et lui insuffle une vie nouvelle. Sa consécration, le 22 mai 1893, est l'occasion de nombreuses festivités.
Par contre, au fort de Bondues, construit dans les années 1881/83 pour servir de défense éloignée à la ville de Lille, c'est la mort qui rôde: le 1er septembre 1944, dans les ruines de l'ouvrage que les nazis ont fait sauter avant leur départ, on découvre les tombes de 68 résistants tombés sous les balles allemandes.
Et, comme dans les livres de conte, quand s'achève le récit s'écroule le château: dans la nuit du 25 au 26 janvier 1945, le château seigneurial est la proie des flammes: accident au cours d'une beuverie, vengeance, tirage d'une cheminée mal réglé? Il fait si froid, en ce début d'année, que l'eau gèle dans les tuyaux d'arrosage que les pompiers déroulent. Au petit matin, il ne reste plus rien des frontons à pas de moineaux, des échauguettes, des tourailles, du donjon crénelé à la flèche à double bulbe octogonal... Il ne reste plus rien du château du Comte d'Hespel qu'un tas de cendres fumantes.

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Bien des moments, encore, de notre histoire locale mériteraient qu'on s'y attarde quelque peu, mais la place manque ici.
Il en est un cependant que je signalerai, parce qu'il est récent et qu'il est rare de vivre un moment historique : le 1er janvier 1991, la route nationale est devenue l'Avenue du Général de Gaulle. Une pierre, à l'entrée du village, près du Mémorial dressé en 1965 en souvenir des Fusillés du Fort Lobau, rend hommage à l'Homme qui sut rendre à la France son Honneur et de sa Grandeur... Un simple rappel pour un Appel !..

Francis Nazé, Directeur de Jacobus
Président du Club d'Histoire Locale


 
 
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Auteur de la fiche "Bondues" : Francis Nazé
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